La dénutrition est une maladie résultant d’un apport nutritionnel insuffisant par rapport aux dépenses énergétiques et protéiques de l’organisme. C’est un déséquilibre nutritionnel qui va entraîner, le plus souvent, un amaigrissement et surtout une fonte musculaire qui va être à l'origine des complications de la dénutrition. En France, la dénutrition touche 2 millions de patients, particulièrement les personnes âgées de plus de 70 ans, mais aussi les jeunes adultes et les enfants. La dénutrition peut aussi s’observer à l'hôpital, avec 10% de patients hospitalisés diagnostiqués en dénutrition, cela peut cependant s’expliquer par l'augmentation du nombre de personnes âgées hospitalisées mais aussi la sensibilisation du personnel de santé à la dénutrition, permettant plus de diagnostic qu'auparavant.
La dénutrition est le plus souvent due à une perte d’appétit, qui peuvent être le résultat diverses situations. Des troubles psychiatriques ou neurologiques, un isolement social, des difficultés financières ou encore physiques peuvent causer un manque d’appétit conduisant à une dénutrition. D’autre part, des régimes restrictifs, volontaire ou imposés (sans sel, sans résidus…), ou bien des maladies chronique, des infections, des troubles digestifs chronique, l’alcoolisme ou encore la prise de certain médicaments (chimiothérapie, neuroleptiques…) ou chirurgies lourdes peuvent aussi être à l’origine d’une dénutrition.
Lors d'une perte excessive de poids, ce sont les muscles qui seront le plus touchés, entraînant ainsi une diminution de nos réserves de protéines, ce qui aura de multiples répercussions sur le patient, le bon fonctionnement de notre organisme étant dépendant de nos réserves musculaires. La dénutrition entraîne une baisse des défenses immunitaires, favorisant les infections, particulièrement au niveau broncho-pulmonaire et intestinal, mais aussi les surinfections des plaies et entraînant aussi une baisse de la réponse immunitaire après une vaccination.
De plus, la dénutrition cause des troubles musculosquelettiques, provoquant une baisse d’activité physique dû à la faiblesse musculaire, ce qui encourage une sarcopénie (fonte musculaire). Cela peut être très grave, particulièrement chez les personnes âgées, entraînant chutes et fractures et augmentant leur dépendance à un tier ou les hospitalisations. La fonte musculaire entraîne aussi une fragilisation de la peau, causant un défaut de cicatrisation des plaies.
Enfin, la dénutrition pourra avoir un retentissement psychologique, avec une tendance à l’irritabilité et à la dépression, des troubles de la mémoire et de la concentration, une diminution de la qualité de vie. Mais aussi des dysfonctionnements de l’organisme tel que des troubles digestifs, des dérèglement hormonaux, une tendance à avoir froid, et surtout un accroissement de la morbidité et mortalité, indépendamment des pathologies sous-jacentes.
La dénutrition pourra être diagnostiquée par le médecin si le patient présente au moins 1 critères phénotypique et 1 critère étiologique parmi une liste définie (cf. tableau). Elle peut être dépister au préalable par les proches ou un autre professionnel de santé dans l’entourage du patient, en lui posant quelques questions simples. Par exemple : “Avez-vous du mal à marcher/vous relever ?” “Avez-vous perdu du poids ? Êtes-vous moins serrez dans vos vêtements ?” “Manquez-vous d’appétit ?” Toutes réponses positives doivent faire penser à une dénutrition et amener le patient à consulter un médecin, afin de pouvoir obtenir le bon diagnostic et bénéficier d’une prise en charge adaptée.
Après un diagnostic de dénutrition et l’évaluation de sa sévérité, on commencera par corriger les risques nutritionnels. Cela peut se traduire par une adaptation de l’alimentation actuelle, une aide pour s’alimenter, des soins bucco-dentaires réguliers, mais aussi réévaluer les traitements et les régimes du patients et si besoin prendre en charge les pathologies sous-jacentes. Après cela, le médecin devra définir un objectif nutritionnel pour le patient, afin d’atteindre un apport calorique et protidique adapté au patient (entre 30 et 40 kcal/jour et 1,2 à 1,5 g de protéine/jour).
Afin d’atteindre cet objectif, on privilégiera toujours la nutrition orale, tout d’abord en commençant par enrichir l’alimentation du patient, par l’ajout d’ingrédient riches en protéines (œufs, jambon, fromage, poudre de lait...) dans ses plats ou en utilisant des pâtes et semoules enrichies en protéines. Si cela se montre insuffisant, il sera possible d’ajouter à ce régime enrichi, la prise de complément nutritionnels oraux (CNO).
Les CNO sont des dispositifs médicaux dont le but est de compléter l’alimentation sans pour autant la remplacer. Ce sont des compléments alimentaires à forte densité énergétique, et enrichis en protéines (entre 6 et 30 g de protéine/CNO en fonction des gammes) afin de combler les besoins journaliers des patients qui ne les trouvent pas dans leur alimentation quotidienne. De plus, ils contiennent aussi des micronutriments (oligo-éléments, sels minéraux, vitamines) afin d’assurer des apports nutritionnels complets.
Ils se présentent sous différentes formes, le plus communément en boissons lactées ou crèmes desserts, mais aussi en biscuits, en jus de fruits, thé glacés, purées, potages ou encore des plats cuisinés, aux saveurs variées afin de convenir aux goûts d’un maximum de patients.
La prise de CNO doit se faire sur les conseils d’un médecin, qui sera en mesure d’établir une ordonnance avec le nombre de CNO à prendre par jour afin d’atteindre l’objectif fixé avec le patient. Sur l’ordonnance, la Haute Autorité de Santé recommande d’indiquer clairement le nombre de calories ainsi que la quantité de protéines par jour que le patient doit ajouter à son alimentation habituelle, afin que le pharmacien puisse délivrer le bon nombre de CNO journalier, mais aussi le bon type.
En effet, toutes les formules de compléments nutritionnels ne sont pas enrichies de la même façon (les crèmes sont par exemple plus riches que les jus de fruits) et il faut s’assurer que les patients repartent chez eux avec les produits adaptés. Il existe aussi des formules sans sucres pour les diabétiques, ou sans lactose pour les personnes intolérantes. Certaines formules seront aussi adaptées à des problèmes plus spécifique (Argine pour favoriser la cicatrisation, oméga 3 indiqué en cas de chirurgie digestive, enrichie en fibres ou lipide, ou encore en acide aminés)
Certains CNO existent aussi en différent volume, si les plus couramment prescrit sont en général en 200 ml ou grammes, il existe des plus petits ou plus gros volumes, afin de mieux s’adapter à la consommation du patient.
Lors d’une première prescription de CNO, qui est établie pour un seul mois, le pharmacien pourra délivrer les dix premiers jours de traitement à la première visite du patient, puis compléter la délivrance à la fin de ces dix jours. Ces dix premiers jours sont importants pour évaluer l’observance du patient, mais aussi tester différentes saveurs afin de trouver celles s’adaptant le mieux à l’alimentation du patient. Après ces dix jours, votre pharmacien pourra ainsi vous demander comment s’est passé la prise de CNO et pourra adapter sa délivrance suivante et ses conseils de prise en fonction de vos retours. À la fin du premier mois de prescription, il est important de retourner voir votre médecin afin d’évaluer votre état et le besoin de continuer ou d’adapter la prescription initiale.
Les compléments nutritionnels oraux ne sont pas faits pour être la source d’alimentation principale des patients dénutris, leur prise doit se faire de préférence à distance des repas, comme une collation, et non juste avant le repas. En effet leur forte teneur en énergie et protéine leur donne un effet rassasiant qui peut couper l’appétit s’ils sont pris avant de manger. Les CNO peuvent se conserver à température ambiante jusqu’à leur date de péremption, cependant une fois ouvert il est impératif de les conserver au frais et de les consommer dans les 24 heures, après cela il faudra les jeter. Il est tout à fait possible de fractionner la prise d’un complément nutritionnel dans la journée si besoin, de plus il faut bien penser à l’agiter ou le mélanger avant de le consommer. Si les CNO se conservent très bien à température ambiante, il est aussi tout à fait possible de les mettre au réfrigérateur avant de les consommer, ou bien de les faire réchauffer, pour les rendre plus agréables au gout. Les CNO peuvent être consommés comme des aliments normaux, ou alors s'incorporer à des recettes afin de les enrichir, il est possible de retrouver sur les sites des laboratoires commercialisant les CNO ou dans des livrets qu’ils distribuent, des recettes utilisant les compléments nutritionnels oraux.
Pour toute information complémentaire suite à la prescription de complément nutritionnel oraux, n’hésitez pas à vous rendre en officine pour demander conseil à votre pharmacien.